Régnier,
Michel.
L'Oreille
gauche.
Éd.
Pierre
Tisseyre,
2000,
294
p.
Le
Japon
moderne
Michel
Régnier
a
réalisé
de
nombreux
documentaires
pour
l'ONF
au
cours
de
sa
carrière.
Les
déplacements
reliés
à
sa
profession
lui
ont
permis
d'établir
des
parallèles
assez
justes
entre
les
pays
riches
et
ceux
que
l'on
spolie.
Ce
qui
l'a
révolté,
c'est
la
distance,
presque
infranchissable,
que
l'on
a
creusé
entre
eux.
Le
cinéaste
s'est
penché
sur
la
pauvreté
vécue
au
Sud
et
sur
la
richesse
au
Nord,
telle
celle
du
Japon,
qui
sert
de
toile
de
fond
à
L'Oreille
gauche.
Le
roman
revêt
l'allure
d'un
documentaire
qui
décrit
la
métamorphose
de
l'île
nippone.
La
population
assiste
à
la
prolifération
des
surfaces
de
béton
au
détriment
des
tanbo
(rizières),
mais
aussi
à
la
disparition
de
sa
culture,
dont
les
appuis
reposent
sur
les
croyances
émanant
des
temples
shintoïstes.
Ces
édifices
sont
devenus
les
vestiges
d'une
époque
que
les
touristes
s'empressent
de
stocker
dans
leurs
gadgets
électroniques.
En
marge
du
passéisme,
Michel
Régnier
indique
comment
les
Japonais
vivent
ce
passage
aux
nouvelles
valeurs,
qui
ont
remplacé
la
vénération
de
Benten
(déesse)
par
celle
du
cellulaire.
Le
héros,
Masato
Yamada,
s'inquiète
du
tarissement
de
la
source
qui
a
abreuvé
son
âme.
Il
a
puisé
dans
le
shintoïsme
l'essentiel
de
son
identité.
Malheureusement
sa
quête
s'est
heurtée
à
une
malheureuse
anomalie
du
pavillon
de
l'oreille
gauche.
Sa
chiisai
mimi
(petite
oreille)
l'a
subjugué
au
point
de
perdre
confiance
en
lui.
Heureusement,
ses
déplacements
en
train
ont
mis
sur
sa
route
des
femmes
qui
l'ont
aimé
malgré
son
handicap
malvenu
dans
un
pays
moderne,
mais
intolérant
à
l'égard
de
la
différence.
Toute
sa
vie
est
hantée
par
cet
écart
à
la
norme.
Comment
peut-il
s'impliquer
en
amour
quand
il
se
sent
à
part
des
autres?
Surtout,
comment
peut-il
oser
avoir
un
enfant
en
risquant
de
lui
transmettre
une
malformation
peut-être
héréditaire?
C'est
un
dilemme
affolant
quand
le
conformisme
stigmate
les
nouveau-nés
dès
leur
premier
souffle.
En
fait,
le
propos
souligne
les
injustices
qui
mettent
en
péril
les
valeurs
sur
lesquelles
repose
la
société
japonaise.
Avec
un
rouleau
compresseur,
on
nivelle
pour
engendrer
une
uniformité
selon
une
mesure
étalon
découlant
du
profit.
On
ne
fait
pas
une
omelette
sans
casser
des
œufs.
Ainsi
crée-t-on
des
laissés-pour-compte
que
l'on
sacrifie
sur
l'autel
de
la
rentabilité
exponentielle.
Michel
Régnier
dénonce
cette
orientation
à
travers
l'exemple
d'un
handicap
dérangeant
pour
ceux
qui
établissent
les
principes
de
la
rectitude.
L'auteur
a
bien
touillé
ses
ingrédients
empruntés
à
la
culture
japonaise.
Il
ne
s'agit
pas
d'un
essai
sociologique.
C'est
un
aperçu
global
d'un
pays
enraciné
dans
un
passé
médiéval
qui
se
donne
des
allures
d'avant-garde.
L'œuvre
est
intéressante,
mais
elle
perd
de
sa
signifiance
à
cause
de
la
vision
sentimentale
de
la
problématique
soulevée
par
l'auteur.
Ça
demeure
quand
même
un
ouvrage
de
sensibilisation
en
faveur
des
exclus,
mais
qui
bénéficierait
d'une
plus
grande
crédibilité
si
l'art
d'écrire
avait
été
mieux
maîtrisé.
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