Yvon,
Josée.
Maîtresses-Cherokees.
VLB
éditeur,
1986,
132
p.
Lesbiennes
en
détresse
Depuis
1960,
le
Québec
a
pris
un
virage
qui
l'a
propulsé
vers
la
modernité.
Nous
avons
tout
reconstruit
en
dehors
des
sentiers
battus,
se
débarrassant
sans
discernement
de
toutes
les
valeurs
qui
avaient
assuré
notre
cohérence
devant
le
conquérant
anglais
déterminé
à
transformer
les
francophones
en
de
loyaux
sujets
britanniques.
Fort
de
sa
survivance,
le
Québécois
n'avait
plus
qu'à
afficher
son
désir
de
souveraineté
afin
de
se
doter
des
outils
nécessaires
pour
se
démarquer
davantage
dans
une
mer
anglo-saxonne.
Dans
la
foulée
de
la
renaissance,
les
artistes
en
ont
profité
pour
tracer
les
sillons
que,
dorénavant,
les
Québécois
devaient
suivre.
En
art
et
en
littérature,
la
contre-culture
se
manifeste
d'abord
par
une
remise
en
question
de
la
rectitude.
Cette
volonté
de
changement
s'est
accompagnée
de
provocations
afin
de
détruire
définitivement
tout
esprit
iconoclaste.
À
l'instar
de
la
beat
generation,
nos
artistes
se
sont
montrés
très
irrespectueux
des
valeurs
qui
nous
ont
permis
de
survivre
jusqu'en
1960.
Comme
des
jeunes
qui
veulent
s'affirmer,
ils
ont
eu
recours
à
l'effronterie
comme
Robert
Charlebois
et
Plume
Latraverse.
Ils
ont
emprunté
en
particulier
un
discours
vernaculaire,
croyant
qu'il
était
le
seul
capable
de
traduire
le
vent
de
liberté
qui
soufflait
enfin
sur
le
Québec.
Josée
Yvon
est
une
poétesse
qui
a
suivi
ce
sillage
en
prônant
un
comportement
qui
renouvelle
la
manière
d'être
présent
au
monde.
À
travers
ses
œuvres,
elle
véhicule
une
sexualité
ouverte
sur
la
pornographie,
un
langage
populaire
voisin
de
la
vulgarité.
Comme
ses
pairs
artistes,
elle
espère,
par
la
glorification
des
dérèglements,
provoquer
un
nouveau
consensus
autour
d'un
contrat
social
qui
engloberait
les
milieux
subversifs.
Dans
Maîtresses-Cherokees,
un
univers
urbain
des
plus
déraisonnable
détruit
quatre
lesbiennes
incapables
d'afficher
leurs
blessures.
Victimes
de
l'intolérance,
elles
ont
connu
des
mondes
d'hommes
qui
les
ont
abandonnées
à
leur
sort,
et
parfois
avec
des
enfants
qui
sont
devenus
des
transsexuels
pour
servir
de
guides
à
ces
femmes
en
quête
d'un
bonheur
inaccessible.
Leurs
demandes
sont,
même
dans
un
monde
ouvert,
de
l'ordre
du
borderline.
Ce
sont
des
toxicomanes
qui
noient
leur
mal
existentiel
dans
des
dérivés
nocifs.
Sexualité,
drogue,
tatouages,
masochisme
forment
un
cocktail
assez
explosif.
L'esprit
subversif
de
Josée
Yvon
a
plu
à
l'underground
états-unien.
Son
œuvre
poétique
emprunte
des
sentiers
inconnus
pour
que
l'on
sache
que
la
vie
ne
se
limite
pas
aux
diktats
des
conventions
sociales.
Ses
héroïnes
ne
veulent
pas
marcher
dans
les
sillons
qu'on
leur
a
tracés.
Même
si
l'auteur
parvient
à
tracer
le
portrait
douloureux
des
lesbiennes,
il
n'est
pas
sûr
qu'il
suscitera
l'empathie
du
lecteur.
La
forme
autant
que
l'écriture
sont
trop
éclatées
pour
que
l'on
suive
avec
plaisir
le
cheminement
des
protagonistes.
Un
extrait
témoignera
mieux
qu'un
compte
rendu
du
mal
de
vivre
de
ces
femmes.
"
Infra-rouges,
les
tournesols
les
sauvent
des
cercueils
de
mahagonny
elles
eurent
le
plaisir
de
changer
vite
mélangeant
le
dektol
avec
le
fix
sans
vocation
de
paraplégique
chambreuse
elles
sont
des
heurts
dans
le
secrétariat
confort-vieillesse
irrémédiable
plus
les
mêmes.
"
P.
131.
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