Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Rouy, Maryse

Mary l'Irlandaise. Éd. Québec Amérique, 2001, 374 p.

L'Émigration irlandaise des années 1830

Maryse Rouy est devenue romancière pour aider ses élèves à mieux suivre leurs cours d'histoire. Il s'agit d'œuvres populaires, caractérisées donc par un faible approfondissement du sujet. Mary l'Irlandaise n'échappe pas à la règle, mais il reste que c'est un bon roman. L'auteur aborde l'émigration des Irlandais, qui ont fui les problèmes politiques et la famine de leur pays autour des années 1830 pour s'installer au Canada dans un contexte de tourmente opposant les francophones aux colonisateurs anglais.

Pour soulager ses parents trop pauvres, Mary O'Connor, une adolescente de quatorze ans, est venue à Québec avec un oncle et une tante, qui l'ont abandonnée à leur arrivée. Elle s'est tournée donc vers un jeune couple aisé qu'elle connût lors de la traversée. C'est ainsi qu'elle vécut sous leur toit comme domestique. C'est là qu'elle fit la rencontre des deux neveux de la cuisinière. Le plus jeune fit battre son cœur, mais ses activités secrètes l'éloignèrent de sa belle. Forte de sa promesse de mariage, elle l'attendit pendant des années jusqu'au jour où elle comprit ce qui s'était passé avec son amoureux. Devenue domestique à Berthier après le départ du couple qui l'avait accueillie, elle le revit participant à une échauffourée des patriotes lors de la Rébellion de 1837.

C'est un roman bien documenté. L'auteur a su rendre avec efficacité l'atmosphère qui imprégnait la vie de la colonie canadienne lors des années 1830. Au lieu de s'attarder à des détails historiques fastidieux, elle a fait vivre cette période agitée de notre histoire à travers le destin d'une réelle immigrante. Cette oeuvre est construite de façon cohérente avec une plume coulante et touchante. Il ne s'agit pas d'un roman polémique. L'auteur se garde bien de se prononcer sur la situation politique de l'époque et tait aussi le mécontentement des colonisés devant cette émigration irlandaise massive. Si elle n'avait pas passé ce dernier point sous silence, son ouvrage aurait été plus complet.