Paul-André Proulx

Littérature Québécoise

Rioux, Hélène .

Mercredi soir au bout du monde. Éd. XYZ, 2007, 227 p.

Un seul même grand village

Quand un romancier tourne autour de la soixantaine, il sent parfois le désir d'écrire un condensé de ce qu'il a retenu de l'existence. Le résultat est des plus probant pour Marie-Claire Blais. Hélène Rioux a suivi cette mouvance avec non moins de succès.

À partir du Bout du monde, un boui-boui où s'assemblent, le mercredi soir, des joueurs de cinq cents, nous entreprenons un voyage qui laisse croire qu'il s'agit de nouvelles liées aux aventures de différents personnages. Nous nous apercevons rapidement qu'il s'agit de l'avers et du revers de la même médaille, qui révèlent que nous habitons un village planétaire commun. Peu importe les intérêts des protagonistes, chacun mène, sous tous azimuts, une vie de canard aux ailes brisées. L'auteure renvoie l'aventure humaine à un soi-disant film culte, qui s'intitule justement Broken Wings. En fait, son roman est un miroir brisé qui reflète une identité de jumeaux à cause de leurs liens aux mêmes intérêts, aux mêmes craintes, aux mêmes déconvenues. Il n'y a pas que Dany Laferrière qui peut se dire écrivain japonais.

Tout est inclusif pour bien signaler que la traversée de la vie se fait sur un seul bateau et aboutit au même quai. Ce premier " fragment de notre monde " d'Hélène Rioux inaugure bien sa série avec un puzzle dont les pièces s'ajustent en douceur pour nous laisser découvrir que tous les chemins mènent à Rome.