Dutrizac,
Benoît.
Meurs,
mon
amour,
meurs.
Éd.
Libre
Expression,
2003,
244
p.
Coup
de
foudre
d'un
tueur
à
gages
L'auteur
nous
entraîne
dans
l'univers
glauque
du
sicaire.
Le
héros,
Bernard
"
Beef
"
Biron,
s'est
développé
un
esprit
implacable
pour
exécuter
les
ordres
de
Ma
Tante,
la
"
boss
"
d'une
agence
de
liquidation
de
chair
humaine.
En
son
genre,
Bernard
est
une
étoile
montante
au
sein
de
l'entreprise.
Ainsi
lui
confie-t-on
les
tâches
les
plus
pénibles,
en
l'occurrence
celle
de
tuer
Élaine
Leclerc,
une
avocate
véreuse.
Malgré
sa
dure
carapace,
il
reste
sensible
aux
charismes
féminins.
C'est
après
avoir
pratiqué
le
cunnilingus
avec
la
proie
qu'il
devait
abattre
que
Bernard
se
sent
incapable
de
respecter
son
carnet
de
commandes.
Comme
sa
victime
se
montre
en
plus
une
virtuose
de
la
fellation,
il
franchit
le
seuil
du
sexe
pour
pénétrer
le
monde
de
l'amour.
Quant
à
Élaine,
elle
adore
la
virilité
de
cet
incomparable
Hulk,
qui
la
transporte
au
septième
ciel
avec
un
pénis
à
faire
rougir
un
étalon.
La
démesure
caractérise
ce
thriller
qui
mêle
tuerie
et
plaisir
sexuel.
Ne
pouvant
respecter
son
mandat,
le
héros
se
doit
de
se
débarrasser
de
sa
patronne
ainsi
que
du
client
qui
a
eu
recours
à
ses
services,
soit
nul
autre
que
le
président
du
club
de
hockey
de
Montréal.
Les
victimes
s'alignent
comme
des
crevettes
sur
une
brochette
jusqu'au
jour
où
le
ministère
de
la
Sécurité
publique
lui
offre,
ainsi
qu'à
son
amante,
de
s'associer
aux
fonctionnaires
mandatés
pour
éliminer
les
récidivistes.
Pédophiles
et
chefs
de
gang
voient
ainsi
leur
règne
écourté
afin
de
créer
le
meilleur
des
mondes.
Le
roman
passe
donc
du
meurtre
crapuleux
au
meurtre
salvateur.
Malgré
que
le
tourtereau
soit
un
tueur
à
gages,
et
que
sa
partenaire
soit
renommée
pour
ses
pratiques
suspectes,
la
rédemption
par
la
mort
d'autrui
déclenche
chez
les
amoureux
une
prise
de
conscience
qui
les
rendra
vulnérables.
Pour
donner
de
la
profondeur
à
ses
personnages,
l'auteur
les
relie
à
une
enfance
qui
expliquerait
leurs
conduites
adultes.
Ce
volet
n'est
pas
assez
pertinent
pour
rendre
crédible
l'évolution
des
héros.
Les
actes
criminels
sont
conséquents
à
un
cheminement
que
le
roman
délaisse
au
profit
de
l'expression
d'une
sexualité
caractéristique
des
légendes
populaires
et
d'un
sadisme
pathologique
qui
ferait
jouir
les
vampires.
Quelques
paragraphes
tentent
de
rehausser
cette
histoire
sordide,
sans
y
parvenir
vraiment.
Les
critiques
sociales
ressemblent
trop
au
lynchage
du
temps
des
cow-boys.
On
justifie
la
tuerie
parce
qu'elle
vise
des
criminels
incorrigibles,
des
riches
qui
abusent
du
système...
Il
faut
éliminer
tous
les
méchants.
Somme
toute,
c'est
une
oeuvre
très
réactionnaire,
inspirée
de
l'idéal
de
G.
W.
Bush.
L'auteur
a
eu
recours
à
des
éléments
intéressants,
empruntés
à
la
science-fiction
par
exemple,
mais
ils
sont
trop
peu
exploités
pour
sauver
le
roman
de
son
instinct
primaire.
Même
l'écriture
est
bâclée.
Son
vernis
trash
crée
rapidement
la
lassitude
en
rappelant
ad
nauseam
que
le
héros
a
une
grosse
queue,
et
que
son
amante
suce
goulûment
(sic).
Le
manque
de
rectitude
ne
crée
pas
forcément
une
oeuvre
de
franc-tireur.
Elle
peut
tout
au
plus
inspirer
les
humoristes
québécois.
La
révolte
qui
anime
les
héros
n'a
rien
de
comparable
à
celle
des
Noirs
qui
se
sont
libérés
de
l'esclavage
ou
à
celle
des
peuples
qui
a
amené
un
changement
de
régime
comme
la
Révolution
française.
Ça
n'a
rien
à
voir
avec
"
l'homme
révolté
"
de
Camus.
La
révolte
vise
la
dignité
humaine,
celle
exprimée
dans
ce
roman
se
compare
aux
propos
des
phallocrates
en
goguette.
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