Paul-André Proulx

Littérature Québécoise

Bard, Hélène.

Hystéro . Éd. Marchand de feuilles, 2007, 176 p.

Dépendance affective

Je l'aimais je l'aimais

Je savais que jamais

Jamais je ne pourrais

L'oublier tout à fait

Et je réalisais

Que je l'aimais je l'aimais

Je l'aimais je l'aimais

La chanson de France Gall résume parfaitement Hystéro d’Hélène Bard, un roman qui traduit la conception de l’amour chez les adolescents. Ce n’est pas l’être aimé qui compte, mais les frissons éprouvés. D’ailleurs, c’est à quatre ans que l’héroïne s’est familiarisée avec les plaisirs charnels en perçant son hymen par inadvertance avec un bâton de pop sicle. Ce fut le début d’une recherche effrénée de sensations hypodermiques, responsable finalement de la dépendance affective qui a ruiné sa vie.

Dans le cadre de la ville de Baie-Saint-Paul, Élisabeth s’entiche d’un élève de son école. Elle voudrait être à lui pour toujours. Comme tous les adolescents normaux, Gabriel est aussi niaiseux avec les filles que Matthieu Simard dans Échecs amoureux et autres niaiseries. Devant une attitude qui ressemble à du rejet, l’héroïne noue une relation amoureuse avec un macho qui la rendra malheureuse. Il s’agit en fait d’une névrose résultant d’une conception maladive de l’amour.

Sur un sujet connexe, Folle de Nelly Arcan est de loin supérieur à ce roman à l’écriture syncopée qui ressemble à du slam voisinant la provocation typique des jeunes auteurs. À l’instar «d’une chienne qui cherche son biscuit», l’héroïne veut «remplir son trou» avec «une queue dans son corps». Les jérémiades redondantes et les envolées lyriques qui expriment cet amour maladif déplairont à plusieurs lecteurs, d’autant plus que l’auteure a choisi comme récepteurs un «tu» qui s’adresse uniquement aux personnages de son roman. Ça devient aussi agaçant que La Route des petits matins de Gilles Jobidon, qui fait l’éloge du courage d’un émigrant sino-vietnamien.