Godbout,
Jacques.
Opération
Rimbaud.
Éd.
du
Seuil,
1999,
153
p.
Un
Jésuite
en
Éthiopie
Cinéaste,
romancier,
essayiste,
professeur
et
quoi
d'autre
encore,
Jacques
Godbout
séduit
les
Québécois
par
son
éclectisme.
Avec
son
dernier
roman,
il
nous
transporte
en
Éthiopie,
où
Hailé
Sélassié
affronte
un
dilemme
peu
commun.
Comment
protéger
les
Tables
de
la
loi
contre
les
rebelles
du
pays?
Moïse
ne
les
avait-il
pas
fracassées
en
voyant
son
peuple
adorer
le
veau
d'or?
Peu
importe,
la
garde
en
a
été
confiée
au
Négus,
qui
s'acquitte
consciencieusement
de
cette
tâche.
Craignant
que
les
préceptes
divins
passent
en
mains
impies,
le
roi
des
rois
appelle
la
Compagnie
de
Jésus
à
sa
rescousse.
Le
pape
noir
réfère
la
demande
aux
jésuites
québécois.
Et
c'est
le
père
Michel
Larochelle,
un
agnostique
de
35
ans,
qui
hérite
de
cette
dangereuse
mission
de
sortir
en
catimini
de
l'Éthiopie
les
fameuses
pierres
sur
lesquelles
Dieu
a
gravé
ses
commandements.
C'est
l'opération
Rimbaud
comme
l'appelle
le
supérieur
du
héros
en
souvenir
du
poète
qui
a
vécu
à
Harar.
Il
ne
faudra
pas
beaucoup
de
temps
à
ce
bon
religieux
pour
découvrir
les
intérêts
exigeant
le
transport
de
la
précieuse
cargaison.
Pourquoi
ne
pas
se
servir
par
la
même
occasion?
Cette
mission
toute
noble
mais
farfelue
cache
son
antithèse.
L'auteur
en
profite
pour
faire
le
procès
des
hommes
d'Église.
Il
questionne
sérieusement
le
sacerdoce
que
l'on
n'exerce
pas
nécessairement
pour
la
plus
grande
gloire
de
Dieu.
La
prêtrise
serait-elle
devenue
l'art
d'apprêter
la
religion
à
toutes
les
sauces?
Sous
la
soutane
se
cache
un
homme
soumis
à
la
tentation
comme
le
reste
de
ses
frères
et
de
ses
sœurs.
Mais
sa
formation
de
casuiste
l'aidera
à
s'innocenter
si
jamais
il
y
succombe.
La
chair
est
faible,
l'ambition
est
grande
et
tous
les
moyens
sont
évangéliques
si
l'on
sait
les
accommoder.
Mine
de
rien,
Jacques
Godbout
pratique
un
anticléricalisme
efficace.
Il
fait
du
prêtre
un
Arsène
Lupin
de
l'Église.
Comme
dit
le
héros
:
"
Je
suis
un
chat
de
gouttière
qui
connaît
les
bonnes
manières.
"
La
culture
du
père
Larochelle
l'autorise
à
manger
à
tous
les
râteliers.
Il
se
sent
bien
partout,
même
chez
la
fille
de
Rimbaud
qu'il
rencontre
à
Harar.
Le
poète
a-t-il
des
descendants?
Qu'à
cela
ne
tienne,
les
invraisemblances
ajoutent
même
au
plaisir
de
lire
ce
roman,
qui
aurait
pu
être
un
portrait
iconoclaste.
Avec
une
plume
satyrique,
l'auteur
s'amuse
aux
dépens
des
disciples
de
Saint
Ignace
de
Loyola,
qui
furent
naguère
ses
professeurs.
Quelle
douce
vengeance!
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