Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Corriveau, Hugues.

Parc Univers. Éd. XYZ, 1998, 181 p.

Les Éclopés de la vie

Michel Tremblay présente le Plateau Mont-Royal sous un angle plutôt convivial. Hugues Corriveau, lui, y a cherché les dérives. S'il était journaliste, son patron l'affecterait aux affaires sordides. L'auteur est attiré par les éclopés de la vie. Il doit se sentir une âme de sauveur.

Dans ce roman, il présente les " loosers " du parc Lafontaine qui sert de lieu de rassemblement pour les amateurs de " pipes " et de dortoir en plein centre de Montréal. L'auteur ouvre une brèche pour que l'on puisse voir ce qui a occasionné la haine, la duplicité, la solitude, voire la folie. Il remonte à l'enfance de ses personnages pour montrer qu'un être se forge de longue date. Il constate finalement qu'il n'y a plus rien à faire avec ces " rejects ".

Ce roman s'adresse à ceux qui n'ont pas peur de connaître la souffrance des " miséreux ". Comme l'auteur écrit brillamment, sa découverte est rendue de façon très saisissante et convaincante. En gros, Corriveau s'intéresse à la condition humaine dans ce qu'elle a d'abject. Il montre des âmes meurtries comme au télé-journal on montre des bouts de pieds ou de bras ensanglantés. Mais les voir ne met pas fin à la guerre. À ne pas lire quand on est déprimés.