Laferrière,
Alexandre.
Pour
une
croûte.
Éd.
Triptyque,
2005,
129
p.
Le
Désarroi
des
jeunes
de
la
vingtaine
De
nombreux
auteurs
ont
attiré
notre
attention
sur
le
désarroi
des
hommes
de
la
vingtaine.
Hélène
Bard,
Robert
Brisebois,
Guillaume
Vigneault,
tous
nés
dans
les
années
70,
ont
brossé
des
tableaux
qui
suscitent
la
compassion
envers
leurs
pairs.
Alexandre
Laferrière,
lui
aussi,
s'est
intéressé
au
sort
réservé
à
ces
jeunes
en
mal
d'emploi
et
d'amour.
Pour
son
deuxième
roman,
il
brandit
son
projecteur
sur
Paquin
et
Jérémy,
deux
Montréalais
désœuvrés,
que
l'on
retrouve
en
Hongrie
afin
de
secouer
la
guigne
qui
s'accroche
à
eux
comme
les
mouches
sur
le
miel.
C'est
d'abord
Paquin,
dit
Corvette
à
cause
de
sa
petite
quéquette,
qui
part
le
premier.
Comme
il
dit
:
"
Mon
feu
sacré
s'est
transformé
en
braise
de
cure-dents,
même
pas
assez
chaud
pour
tordre
un
morceau
de
bacon.
Je
suis
tanné
d'être
célibataire,
curé
à
la
messe
du
dimanche,
tripoteur
de
rêves
en
canne."
Il
suit
donc
Véra,
une
jolie
Hongroise
qui
l'emmène
vivre
dans
un
taudis
hérité
de
son
grand-père.
Échange
de
bons
procédés,
de
la
baise
pour
du
bricolage
à
une
cambuse
qui
en
a
un
urgent
besoin.
Comment
y
arriver
tout
seul
quand,
en
plus,
on
est
désargenté
?
Il
supplie
son
ami
Jérémy,
dit
Baquet,
de
le
rejoindre
à
Gödölö,
en
banlieue
de
Budapest.
Le
trio
se
met
à
la
tâche.
Pour
y
arriver,
Véra
leur
décroche
un
emploi
de
concierge
dans
un
temple
bouddhiste.
Comme
le
salaire
est
insuffisant,
ils
comblent
les
manques
en
recourant
à
la
rapine.
C'est
la
trame
dont
se
sert
l'auteur
pour
illustrer
ce
qui
attend
les
jeunes
adultes
démotivés
par
une
société
qui
néglige
de
les
accueillir.
Si
Paquin
a
opté
pour
la
fuite
afin
de
s'en
sortir,
il
apprend
vite
que
la
rédemption
n'est
pas
tapie
dans
l'ailleurs.
On
ne
rallume
pas
une
flamme
éteinte
avec
la
soufflerie
de
l'exil,
pas
plus
que
l'on
allume
les
feux
de
la
passion
avec
un
pétard
mouillé,
surtout
quand
la
pauvreté
exige
des
efforts
surhumains
pour
se
payer
une
croûte.
Sa
vie
va
à
vau-l'eau,
et
il
entraîne
dans
son
sillage
Jérémy,
qui
entretient
un
amour
épistolaire
avec
Claudette,
une
ancienne
camarade
d'école,
devenue
aisée
grâce
à
la
fortune
de
son
père.
Bref,
ce
roman
trace
le
portrait
de
jeunes
qui
se
sont
éteints
malgré
leur
âge.
Ça
reflète
assez
bien
une
certaine
situation
qui
devrait
faire
germer
des
interrogations.
L'auteur
exhibe
la
problématique
avec
lucidité,
sans
porter
de
jugement
et
sans
pointer
de
sentiers
pour
réanimer
l'idéal
des
cœurs
déçus.
Par
contre,
certains
risquent
de
décrocher
de
leur
lecture
parce
que
les
protagonistes
se
comportent
comme
des
adolescents
attardés.
Pour
rendre
compte
de
leur
quotidien,
Alexandre
Laferrière
calque
son
écriture
sur
l'oralité.
Ça
implique
un
humour
qui
fera
frémir
les
gens
réfractaires
aux
pets
et
aux
rots.
Paquin
et
Jérémy
ne
tentent
pas
de
se
tirer
de
leurs
mésaventures
avec
dignité.
Ce
sont
plutôt
des
victimes
qui
subissent
leur
sort
avec
résignation.
Ce
manque
de
motivation,
qui
représente
un
élément
de
déception
si
l'on
ne
passe
pas
à
un
deuxième
degré
de
lecture,
sera
accru
par
la
facture
de
l'œuvre.
Le
roman
se
promène
entre
l'art
épistolaire
et
le
journal
qui
consigne
les
incidents
mineurs
au
détriment
des
enjeux
dont
débattent
Corvette
et
Baquet.
Bref,
le
manque
de
rigueur
nuit
énormément
à
sa
crédibilité.
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