Brisebois,
Patrick.
Que
jeunesse
trépasse.
Éd.
L'Effet
pourpre,
1999,
236
p.
L'Impasse
de
la
génération
X
La
génération
X
est
l'objet
de
nombreuses
analyses.
Les
romanciers
y
vont
aussi
de
la
leur.
Que
ce
soient
Christian
Mistral,
Hélène
Bard,
Denis
F.
Doyon,
chacun
a
décrit
un
personnage
de
20
à
30
ans
qui
éprouve
de
la
difficulté
à
se
nicher
au
sein
d'une
société,
dit-on,
imperméable
à
la
différence.
Chaque
groupe
d'âges
semble
connaître
sa
crise.
À
40
ans,
on
subit
les
attaques
du
démon
du
midi.
Dans
la
vingtaine,
la
crise
serait
marquée
par
la
crainte
de
l'échec
au
sein
d'un
monde
adulte
contraignant.
Ces
antihéros,
assez
scolarisés,
vivent
généralement
dans
les
logements
délabrés
pas
encore
rénovés
des
quartiers
devenus
le
fief
de
la
classe
snobinarde.
À
Montréal,
c'est
le
Plateau
où
habite
Irénée
Faiblengras,
le
protagoniste
du
roman
de
Patrick
Brisebois.
Ce
déjanté
infortuné
s'est
uni
à
des
amis
pour
défrayer
la
location
d'un
appartement.
Leur
esprit
festif
les
porte
vers
la
dive
cannette
de
bière,
le
tabac
et
le
hasch.
L'état
second
qui
en
résulte
leur
permet
d'oublier
qu'ils
doivent
se
prendre
en
main.
Ils
mènent
une
existence
dont
la
vacuité
même
les
déprime.
Ils
voudraient
bien
s'en
sortir,
mais
ils
s'en
abstiennent
à
cause
du
peu
d'estime
qu'ils
portent
à
la
société.
On
serait
tentés
de
les
haïr,
mais
pourtant
on
finit
par
les
aimer.
Comme
dirait
Robert
Charlebois,
ce
sont
des
"
ratés
sympathiques
".
Irénée
n'est
pas
un
méchant
diable.
Il
n'est
pas
non
plus
un
jeune
mal-aimé
de
ses
parents.
C'est
un
être
ordinaire
aux
prises
avec
les
problèmes
de
tout
jeune
adulte
qui
souffre
du
manque
d'issues
pour
s'intégrer
au
monde
des
loups.
"
Homo
homini
lupus
",
avait
déjà
écrit
Plaute.
Malheureusement,
il
risque
de
s'autodétruire
en
compensant
par
l'alcool,
son
manque
de
confiance
en
lui.
Même
s'il
est
mal
à
l'aise
dans
sa
peau,
il
guette
quand
même
sa
chance
pour
enfin
exister.
Comme
dans
les
sectes,
il
souhaiterait
une
catastrophe
qui
changerait
l'ordre
des
choses.
Un
Dieu
qui
viendrait
détruire
le
mal
dans
le
monde.
Mais
il
réalise
que
la
mort
est
la
seule
vraie
chose
comme
le
prouvent
le
suicide
d'un
ami
et
le
meurtre
d'une
copine
au
Mexique.
Cette
constatation
développe
chez
lui
un
nihilisme
qui
l'amène
à
condamner
même
les
"
ethnies
"
pour
ses
déboires.
Patrick
Brisebois
a
investi
son
principal
protagoniste
du
caractère
excessif
de
son
groupe
d'âge.
Il
faut
aimer
les
poulains
qui
ruent
dans
les
brancards
pour
apprécier
ce
riche
personnage.
L'écriture
suit
le
mouvement.
Le
langage
peu
châtié
des
antihéros
frustrés
est
assez
provocateur
et
incompréhensible
pour
l'Hexagone.
On
s'envoie
allègrement
"
manger
un
char
de
marde
"
quand
les
situations
se
corsent.
Nonobstant
la
crudité,
l'ensemble
est
plutôt
ludique
à
la
manière
de
Réjean
Ducharme.
Cet
humour
a
son
charme,
mais
ça
devient
lassant
à
la
longue.
Au
niveau
de
la
forme,
ça
ressemble
davantage
à
une
télé-réalité.
On
présente,
comme
en
direct,
le
quotidien
d'un
jeune
homme
tourmenté
par
son
avenir
et
gêné
par
les
femmes
qu'il
voudrait
aborder.
Ce
n'est
pas
rasant
comme
sa
jumelle
télévisuelle.
L'intérêt
est
maintenu
par
un
dénouement
qu'on
est
curieux
de
connaître
:
comment
Irénée
va-t-il
s'en
sortir?
En
plus
d'imiter
les
tics
d'écriture
de
Réjean
Ducharme,
Patrick
Brisebois
a
calqué
son
roman
sur
L'Hiver
de
force.
On
y
trouve
la
même
quête
d'absolu
et
de
pureté.
C'est
une
arme
à
deux
tranchants,
la
même
dont
se
sert
d'ailleurs
tout
mouvement
fondamentaliste.
Il
reste
que
c'est
un
roman
riche
et
émouvant,
qui
fait
un
tour
d'horizon
de
la
vie
et
de
la
pensée
des
rejetons
des
baby-boomers.
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