Nappaaluk,
Mitiarjuk.
Sanaaq.
Éd.
Stanké,
2002,
287
p.
Vivre
en
pays
inuit
Sanaaq
est
une
oeuvre
de
Mitiarjuk
Nappaaluk,
une
femme
inuite
analphabète
qui
habite
la
région
arctique
du
Québec,
mieux
connue
sous
le
nom
de
Nunavik.
Elle
a
écrit
son
roman
en
employant
les
signes
phonétiques
inventés
par
les
missionnaires
pour
que
les
Inuit
(singulier
:
inuk
dans
leur
langue,
terme
désignant
l'être
humain)
aient
des
textes
en
inuktitut.
Son
oeuvre
est
avant
tout
un
document
sociologique
qui
renseigne
sur
les
us
et
coutumes
de
son
peuple.
On
ne
lit
pas
Sanaaq
pour
la
beauté
de
l'écriture.
L'auteure
raconte
tout
simplement
leur
vie,
qui
se
traduit
par
une
lutte
acharnée
pour
se
nourrir.
La
chasse
et
la
pêche
font
donc
partie
de
leurs
activités
quotidiennes.
Le
phoque
compose
leur
nourriture
de
base.
C'est
le
bovin
de
l'Occidental.
Tout
sert
dans
ce
mammifère
marin,
y
compris
les
nerfs
dont
on
fait
du
fil
pour
coudre
les
vêtements.
Son
importance
a
enrichi
le
vocabulaire
de
ce
peuple.
Ainsi
un
phoque
est
un
ujjuk;
mais
s'il
n'a
que
la
tête
hors
de
l'eau,
il
devient
un
puiji
et,
étendu
au
soleil,
c'est
un
uutuk.
Cette
distinction
est
très
utile
pour
se
renseigner
entre
chasseurs.
J'ai
remarqué
aussi
l'importance
des
bruits
dans
leur
vie.
Ils
ont
un
terme
particulier
pour
les
désigner.
Ce
vocabulaire
sert
de
guides
précieux
dans
cette
immensité
de
neige
pour
trouver
une
proie
généralement
blanche
comme
le
harfang
ou
déceler
la
présence
dangereuse
du
nanualuk
(ours
blanc).
Ce
roman
intéressant
découvre
surtout
l'univers
des
femmes
inuites,
qui
ne
sont
pas
reléguées
dans
l'ombre
de
leurs
maris.
Elles
savent
affronter
la
nature
comme
Sanaaq,
l'héroïne
du
roman,
qui
sait
pêcher
des
iqaluppiit
(truites
de
mer)
et
construire
un
igloo.
Cette
veuve
remariée
est
une
femme
forte,
capable
de
défendre
son
point
de
vue.
Malheureusement,
la
violence
conjugale
viendra
ternir
cette
image.
Comme
elle
a
un
mari
équilibré,
mais
perturbé
par
la
maladie
de
son
fils,
le
couple
pourra
continuer
à
vivre
dans
l'harmonie.
Malgré
cet
incident
injustifiable,
l'œuvre
révèle
que
les
Inuit
forment
un
peuple
simple
et
sain.
Ils
ont
le
sens
du
partage.
Les
fruits
de
la
chasse
et
de
la
pêche
sont
divisés
entre
les
membres
du
clan.
Si
ça
sent
le
bonheur,
il
ne
faut
pas
croire
que
les
lois
de
la
psychologie
ne
jouent
pas
dans
l'Arctique.
Les
dépressions
et
les
succubes
s'y
donnent
également
rendez-vous.
À
leurs
problèmes
s'ajoute
l'arrivée
des
qallunaat
(les
blancs),
qui
en
un
court
laps
de
temps,
auront
eu
l'occasion
d'engrosser
la
soeur
de
Sanaaq
et
de
les
diviser
à
propos
de
la
religion.
Imaginez
ce
que
serait
devenu
le
roman,
s'il
avait
couvert
la
période
où
nous
leur
avons
volé
leurs
rivières,
le
sang
qui
les
fait
vivre,
pour
ériger
des
barrages
hydroélectriques.
C'est
un
beau
roman,
dont
la
valeur
est
plus
anthropologique
que
littéraire.
Yves
Thériault
avait
fait
connaître
les
Inuit
avec
Agaguk.
Dans
Je
m'en
vais,
Jean
Echenoz
a
signalé
l'importance
de
leur
art.
Avec
Sanaaq,
on
les
découvre
vraiment.
Si
l'on
est
curieux
et
tolérants
aux
faiblesses
d'écriture,
on
quittera
ce
roman
avec
la
tête
pleine
de
celui
qui
revient
d'un
beau
voyage.
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