Côté,
François.
Slash.
Éd.
VLB,
2006,
141
p.
Survivre
à
une
mutilation
Coincé
entre
le
fleuve
Saint-Laurent
et
la
forêt,
Baie-Comeau
s'offre
dans
les
années
1980
à
tous
les
rêves.
Dans
cette
ville
industrielle
de
la
Côte-Nord,
caractérisée
par
le
plein
emploi,
on
y
vit
heureux,
entourés
d'une
nature
généreuse,
sillonnée
en
tous
sens
par
les
motoneiges,
les
motocyclettes
et
les
VTT.
Ben-Hur
aurait
bien
troqué
son
char
pour
l'un
de
ces
engins
pétaradants,
presque
obligatoires
dans
une
région
à
peine
quadrillée
par
des
routes
carrossables
que
les
conditions
hiémales
rendent
souvent
impraticables.
La
géographie,
la
mécanique
et
l'hiver
s'imposent
comme
éléments
romanesques,
mais
ils
ajoutent
un
bémol
aux
plaisirs
des
enfants
qui
érigent
des
châteaux
de
neige
pour
fortifier
la
ville.
Slash
s'inscrit
dans
ce
contexte
en
y
campant
le
drame
vécu
par
Pierrot,
un
garçon
de
cinq
ans,
victime
d'une
souffleuse
qui
lui
charcute
les
bras
et
les
jambes.
La
poursuite
harmonieuse
de
son
apprentissage
est
mise
à
rude
épreuve.
C'est
en
grandissant
que
son
handicap
le
gêne
le
plus.
Ce
n'est
pas
facile
de
s'accepter
comme
"
homme
tronc
"
quand
les
chevaux-vapeur
déterminent
la
valeur
des
gens.
Le
héros
doit
donc
se
retourner
rapidement
pour
survivre
à
une
telle
mutilation
sans
trop
de
séquelles
psychologiques.
Comme
il
ne
peut
"
ni
danser,
ni
jouer
d'un
instrument
de
musique,
ni
chanter,
il
ne
lui
reste
à
peu
près
que
l'art
le
plus
froid.
Le
plus
cérébral
et
le
plus
lâche
"
pour
ceux
qui
n'osent
se
pendre
:
l'écriture.
Tout
un
défi
qu'il
surmonte
à
l'instar
de
Christy
Brown,
le
paralytique
du
film
Le
Pied
gauche,
qui
peint
avec
ce
seul
membre
fonctionnel
de
son
corps.
En
somme,
Pierrot,
devenu
étudiant
à
Québec,
s'apprête
à
matérialiser
ses
fantasmes
sur
papier,
objectif
que
lui
facilite
la
technologie
qui
l'a
transformé
en
homme
bionique.
Les
siens
sont
heureux
de
le
retrouver
avec
une
morphologie
presque
humaine.
Mais
il
aimerait
plutôt
que
l'on
comprenne
que
les
ersatz
vissés
à
son
corps
le
condamnent
quand
même
à
rêver
sa
vie.
Le
roman
est
découpé
en
tranches
de
vie,
joliment
alignées
comme
des
photos
classées
par
ordre
chronologique.
Sans
susciter
la
pitié,
on
présente
les
difficultés
d'un
être
arraché
à
son
univers
qui
carbure
au
fuel
pour
être
transplanté
dans
un
monde
littéraire.
L'auteur
illustre
ce
transfuge
avec
une
narration
à
la
première
personne,
qui
donne
aux
émotions
des
élans
lyriques
d'une
grande
poésie.
Comme
Denis
Thériault
avec
L'Iguane,
François
Côté
tire
profit
avec
brio
d'un
milieu
boréal,
sans
scruter
à
fond
cependant
les
aboutissants
de
cette
tragédie.
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