Chassay,
Jean-François
.
Sous
pression.
Éd.
Boréal,
2010,
232
p.
ISBN
9782764620014
Un
homme
déclare
à
son
ami
qu'il
va
se
suicider
à
minuit
ce
jour-là.
Peut-on
se
suicider
?
La
vie
vaut-elle
la
peine
d’être
vécue
?
Jean-François
Chassay
revisite
Camus
pour
y
répondre
sans
pour
autant
parvenir
à
la
même
conclusion.
Meursault
se
dit
heureux
dans
L’Étranger,
parce
qu’il
«
s’ouvre
à
la
tendre
indifférence
du
monde
».
Dans
Sous
pression,
un
professeur
de
physique
de
Montréal
provoque
ses
amis,
à
qui
il
a
fixé
un
rendez-vous
au
cours
d’une
seule
journée
pour
éprouver
leurs
convictions
à
l’égard
du
bonheur
sur
terre.
À
l’instar
du
théâtre
classique,
l’intéressé,
qui
pense
au
suicide,
veut
entériner
sa
décision
sur-le-champ
en
transférant
le
poids
de
ses
soucis
sur
les
épaules
d’autrui,
comme
Don
Diègue
qui
supplie
le
Cid
de
venger
son
honneur.
S’ils
ne
parviennent
pas
à
lui
fournir
des
arguties,
qui
justifieraient
la
nécessité
de
la
vie,
le
héros
s’épargnera
toute
culpabilité
avant
de
poser
l’acte
fatal
pour
échapper,
contrairement
à
Sisyphe,
de
rouler
son
rocher
au
sommet
d’une
montagne.
Étant
physicien,
il
avait
cru
élucider
le
dilemme
que
pose
l’existence.
Mais
l’humanité
ne
se
réduit
pas
à
une
accumulation
de
molécules
que
l’on
parvient
à
comprendre
par
une
analyse
scientifique.
Les
saintes
Véroniques
et
les
saints
Josephs
d’Arimathie
que
le
héros
a
convoqués
pour
l’aider
à
monter
au
calvaire
se
sont
assis
sur
sa
croix
en
lui
tenant
des
propos
stériles.
Mais
le
bavardage
est
très
révélateur
de
la
piètre
image
qu’il
projette.
C’est
un
savant
prétentieux,
brillant
certes,
mais
il
a
passé
sa
vie
dans
une
tour,
indifférent
aux
autres
alors
qu’à
47
ans,
il
accomplit
un
virage
à
180
degrés
pour
que
l’on
verse
quelques
larmes
sur
l’absurdité
de
la
vie.
Déception
!
On
lui
commande
de
se
retrousser
les
manches
pour
soigner
sa
peste
existentielle.
On
ne
fuit
pas
la
maladie,
on
l’assume
comme
le
médecin
de
La
Peste.
En
somme,
il
s’agit
d’une
réflexion
philosophique,
kaléidoscopique
de
par
la
diversité
de
ceux
que
le
héros
a
consultés.
Derrière
cet
exercice
shakespearien,
on
sent
qu’il
faille
adopter
un
existentialisme
utilitariste
pour
survivre
dans
la
jungle
humaine.
Fidèle
à
la
facture
dichotomique
de
Laisse,
son
précédent
roman
portant
sur
les
chiens
et
leurs
maîtres,
l’auteur
partage
celui-ci
entre
les
pensées
d’un
prof,
qui
se
prend
pour
le
Christ
à
Gethsémani,
et
les
monologues
de
ses
amis.
La
facture
n’est
pas
sans
causer
quelque
ennui
de
par
sa
redondance
qu’atténue
une
écriture
limpide.
Bref,
inspiré
d’une
vaste
culture,
ce
regard
sur
la
via
dolorosa
exploite
la
seule
question
importante
de
la
vie,
mais
sans
répondre
aux
attentes
du
lecteur.
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