Trottier,
André.
The
Great
Antonio
et
autres
contes
du
cirque.
Lanctôt
éditeur,
2004,
120
p.
Les
"
Loosers
"
Les
Montréalais
se
souviennent
d'Antonio
Barichievich
qu'ils
appelaient
affectueusement
le
"
Grand
Antonio
".
Avant
son
décès
survenu
tout
récemment,
on
le
voyait
arpenter
les
rues
du
quartier
Rosemont
ou
du
Plateau
Mont-Royal,
tentant
de
vendre
aux
passants
des
photos
rappelant
ses
heures
de
gloire
alors
qu'il
tirait
des
autobus
avec
sa
seule
tignasse
ou
qu'il
livrait
des
combats
comme
catcher.
Malheureusement,
la
fin
de
sa
vie
se
déroula
sous
le
signe
de
la
pauvreté.
Indigence
oblige,
il
en
vint
même
à
négliger
sa
personne,
s'habillant
de
vêtements
de
fortune
qu'il
retenait
avec
une
cordelette.
D'aspect
répugnant,
il
se
voyait
souvent
refuser
l'accès
de
certains
établissements
comme
le
Dunkin's
Donuts
du
boulevard
Rosemont.
On
le
retrouvait
alors
sur
un
banc
public
d'où
il
sollicitait
les
usagers
qui
montaient
à
bord
des
autobus.
Au
début
de
son
recueil,
André
Trottier
évoque
le
souvenir
de
ce
colosse
(150
kg
et
plus),
qui
a
vécu
dans
la
plus
totale
solitude
quand
l'âge
coupa
court
à
ses
exploits.
Cet
immigrant
débonnaire,
qui
avait
fui
seul
l'Europe
de
l'Est,
a
conquis
le
cœur
des
Montréalais
à
une
certaine
époque,
mais
son
icône
a
vite
inspiré
de
la
crainte.
Les
nouvelles
de
l'auteur
s'inscrivent
dans
la
lignée
de
ce
personnage
résigné
au
cirque
de
la
vie.
Tels
des
Grands
Antonios,
une
galerie
de
"
mangeurs
de
rêves
"
défilent
comme
autant
de
victimes
d'une
société
qui,
faute
de
donner
suite
à
leurs
aspirations,
les
a
aiguillés
vers
des
voies
propices
aux
dérapages.
C'est
sous
le
signe
de
la
satire
ou
du
sarcasme
que
les
marginaux
et
les
velléitaires
sont
épinglés.
Par
exemple,
l'auteur
dénonce
la
vanité
des
grandes
entreprises
en
évoquant
un
lilliputien
qui
s'en
prend
aux
majuscules.
C'est
un
beau
clin
d'œil
à
l'œuvre
de
Jonathan
Swift.
Les
belles
trouvailles
sont
nombreuses
pour
signaler
les
dérives
d'un
ivrogne,
le
bavardage
d'une
femme
qui
abuse
des
médicaments,
l'accrochage
au
cybersexe.
Le
recueil
ouvre
la
porte
derrière
laquelle
se
cachent
les
êtres
disqualifiés
du
combat
de
la
vie.
Pour
se
consoler
de
leur
échec,
chacun
s'est
trouvé
une
substitution
qui
conduit
parfois
à
la
folie,
fin
de
toutes
souffrances
morales.
En
exploitant
ce
contexte
de
la
déchéance,
l'auteur
s'est
abstenu
de
recourir
à
l'humour
parce
que
les
héros,
épaules
collées
au
tapis,
entendent
le
compte
fatidique
de
l'arbitre.
C'est
donc
une
œuvre
sombre
qui
plaira
surtout
aux
lecteurs
branchés.
Cette
sensibilisation
au
sort
des
perdants
de
ce
monde
rappelle
l'œuvre
de
Bukowski,
de
Selby
et,
au
Québec,
de
Luc
Larochelle.
Malheureusement,
le
recueil
d'André
Trottier
n'a
pas
la
puissance
évocatrice
de
ces
auteurs.
Certaines
nouvelles
même
n'évoquent
rien.
On
croirait
un
fourre-tout
qui,
en
plus,
ne
respecte
en
rien
l'art
de
la
nouvelle
ou
du
conte
comme
l'annonce
le
titre.
Le
dépouillement
de
l'écriture
et
de
l'armature
du
recueil,
qui
aurait
pu
laisser
sous-entendre
plus
qu'il
n'énonce,
rate
la
cible
visée
par
l'auteur.
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