Paul-André Proulx

Littérature Québécoise

Bourbaki, Alexandre.

Traité de balistique. Éd. Alto, 2006, 262 p.

Le Caractère chimérique de la science

Alexandre Bourbaki est un pseudonyme qui cache trois personnes : Nicolas Dickner, Bernard Wright-Laflamme et Sébastien Trahan, le dessinateur. Leur recueil de nouvelles tente de prouver le caractère chimérique de la science. Pour y arriver, ils transmuent les doctes découvertes en situations loufoques irrésistibles, comme l'oncle revenu de guerre qui souffre d'acouphène. Au lieu de s'émouvoir de sa maladie, on en profite pour se divertir puisque les oreilles du malheureux émettent des polkas. En somme, leur démonstration sert une activité ludique qui veut prouver que nous ne sommes pas autant astreints aux lois de la physique que nous le croyons. Ce parti pris est original. Par contre, les connaissances priment sur les sentiments qu'elles peuvent engendrer, transformant ainsi les personnages en robots insensibles aux affects.

Ce recueil est séduisant, mais ça sent l'esbroufe comme une recherche d'étudiants qui veulent épater leur professeur par leurs trouvailles sur le Web. Heureusement, l'écriture est bien tournée, et la facture des premières nouvelles est impeccable. Elles proviennent probablement du plus talentueux des deux auteurs. La suite se gâte comme un soufflé qui s'affaisse à la sortie du four. Les amorces sont réussies, mais les dénouements tombent à plat. Nous nous attendons alors à ce que les nouvelles soient liées les unes aux autres, mais on ne parvient pas à créer d'unité même si le revolver, objet signifiant de notre culture, a la mission d'assurer le chapeautage de l'exercice. Cette transition n'est aucunement convaincante. Et le bédéphile sera aussi déçu par les dessins surchargés qui illustrent le propos, convenant davantage aux jeunes désireux de défier les lois de la physique par des activités ludiques extrêmes.