Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Shimazaki, Aki

Tsubame. Éd. Actes Sud, 2001, 123 p.

Le Racisme des Japonais à l'égard des Coréens

Tsubame est la troisième oeuvre qu'Aki Shimazaki consacre à son pays d'origine. Le titre évoque une hirondelle. À cet oiseau s'ajoutent des daikons (radis blancs) et des kimchi (plat de légumes marinés). Ce vocabulaire nous plonge dans un univers tout asiatique.

L'auteure souligne le racisme des Nippons envers les Coréens. L'action se situe en 1923, au moment de la colonisation de la Corée par le Japon. Après le tremblement de terre qui a secoué Tokyo, les réfugiés coréens cachaient leur identité pour échapper aux purges pratiquées par les civils, qui les tenaient responsables du séisme. Il en fut ainsi de l'héroïne, qui confia sa fille à un orphelinat tenu par un prêtre européen afin de la sauver de cette vengeance injustifiée.

Cette extermination est rendue avec la délicatesse de l'Asiatique. Le ressentiment est refoulé dans un non-dit aussi éloquent que certains silences. Ça donne une oeuvre dépouillée, davantage apparentée à une nouvelle par son nombre restreint de personnages et par sa chute inattendue. L'écriture sans envolées lyriques supporte un développement rapide qui s'attache à un quotidien marqué par l'aveuglement du racisme. L'auteure ne présente pas la complainte d'une victime, mais montre plutôt la force de l'instinct de survie. Bref, elle nous apprend à affronter l'adversité sans se laisser emporter par ses sentiments. Cet angle laisse quand même une oeuvre un peu sèche.