Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Boisvert, France.

Un vernis de culture. Éd. La Grenouillère, 2012, 222 p.

Les Us et Coutumes des gens cultivés

Ce recueil de nouvelles est un petit bijou. France Boisvert s'est appliquée à suivre rigoureusement les normes du genre : un élément perturbateur accule un personnage, ou deux, à un conflit, qui se résout de façon inattendue. La narration ne tourne pas court avec une mort inopinée ou le réveil d'un héros confronté à un cauchemar.

Pour protéger son recueil de la disparité, l'auteure suit une ligne directrice bien définie. Elle s'évertue à égratigner le vernis dont se couvre la classe cultivée pour paraître sous un jour favorable. Mais l'habit ne fait pas le moine. Chaque nouvelle est introduite par une citation d'un philosophe qui rappelle notre humanité : "Nous sommes de la viande, nous sommes des carcasses en puissance." (Francis Bacon) Ça rembrunit le caquet du coquet. Même plus, comme disait La Rochefoucauld : " Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent. " Que recherchent les pèlerins qui se rendent à Compostelle ? La nouvelle ad hoc n'est pas très élogieuse à leur égard. Bref, France Boisvert dégonfle la baudruche.

Le contenu exploite le quotidien ronflant de la classe super-moyenne : le voyage d'amoureux en Gaspésie, l'admiration des vestiges des Amérindiens du Mexique, les étudiants envieux, l'exposition des musées, la chirurgie plastique, le beau langage… Il manque seulement les escaladeurs du mont Kilimandjaro. Cette analyse de l'obsession des apparences prouve que l'on pratique une certaine déculturation à promouvoir une culture frelatée. Et un verbe ironique couvre le discours d'un vernis appliqué avec art.