Ces
vers
résument
le
voyage
intérieur
de
Théo,
le
héros
trentenaire
de
Gabriel
Anctil,
un
jeune
auteur
qui
a
l'âge
de
son
protagoniste,
voire
celui
du
Christ
à
sa
mort.
Avant
de
se
faire
crucifier
sur
la
croix
de
la
publicité,
Théo,
un
créateur
renommé
de
messages
publicitaires,
décide
de
quitter
son
condo
luxueux
en
bordure
du
Parc
Lafontaine
de
Montréal.
Adieu
profession
payante
et
blonde.
Contrairement
à
Perrette
de
La
Fontaine,
il
renonce
à
sa
vache
à
lait
avant
qu'elle
ne
le
rue.
La
rue
l'attend.
Sans
yeux
marris,
il
met
le
cap
sur
la
132,
plus
précisément
vers
Saint-Simon-de-Rimouski,
situé
à
quelques
kilomètres
de
Trois-Pistoles.
Au
volant
de
sa
Citroën
1975,
une
voiture
française
de
collection,
il
enfile
mille
après
milles
les
500
kilomètres
qui
le
séparent
de
la
petite
maison
abracadabrante
qu'il
a
louée
de
Clermont,
qui
deviendra
son
ami
et
le
voisin
d'en
face.
Exactement
comme
Mathyas
Lefebure
qui
a
quitté
la
publicité
pour
devenir
berger
en
Provence,
Théo
s'installe
dans
un
village
secoué
par
le
passage
des
vans.
Qu'importe
!
Il
a
son
voyage
de
la
ville.
L'auteur
renoue
ainsi
avec
la
thématique
qui
veut
que
la
ville
soit
un
lieu
de
perdition
comme
le
proclame,
dans
Les
Soirs
rouges,
le
poète
yamachichois
Clément
Marchand,
qui
a
fêté
son
centenaire
le
12
novembre.
Théo
gagnera-t-il
au
change
?
Dans
son
trou
perdu,
il
risque
de
désenchanter
plus
vite
qu'il
ne
le
croit.
Il
s'aperçoit
que
les
villageois
sont
des
scèneux.
On
scrute
ses
moindres
faits
et
gestes
pour
les
transformer
en
rumeurs
malveillantes.
Serait-il
un
indésirable
à
la
solde
d'un
organisme
occulte
pour
que
l'on
raye
leur
village
de
la
carte
?
Combien
de
villages
québécois
sont
disparus
depuis
quelques
décennies
?
Un
grand
nombre.
L'écrivaine
Ariane
Gélinas
s'est
chargée
de
les
ressusciter
dans
ses
romans.
Même
si
l'on
placote
dans
son
dos,
il
se
mêle
à
la
population
avec
candeur.
Il
fréquente
surtout
les
Pistolets
de
Trois-Pistoles,
qui
vont
s'accoter
sur
le
zinc
d'un
assommoir
pour
regarder
le
hockey.
C'est
sa
chance.
Soûls
morts,
on
ne
choisit
plus
ses
amis.
À
grands
coups
de
tapes
dans
le
dos
et
de
vomissure,
il
devient
l'un
des
leurs.
Hockey
et
bière
sont
les
inconditionnels
de
l'amitié.
La
petite
ville
de
4000
habitants
l'apprécie
assez
pour
qu'on
le
laisse
vérifier
la
qualité
des
matelas
chez
certaines
villageoises.
Pourtant
Théo
avait
sévèrement
jugé
la
population.
Il
voyait
en
elle
des
consanguins
sans
allure
qui
ne
pensaient
qu'à
boire
à
l'ombre
de
la
magnifique
église
de
Trois-Pistoles
avec
ses
nombreux
clochers.
C'est
le
ton
du
roman
qui
confère
la
valeur
de
l'œuvre,
ton
qui
ne
se
dément
pas
au
fil
des
515
pages.
Gabriel
Anctil
a
plongé
dans
le
quotidien
des
Pistolets
(maintenant
des
Pistolois
selon
les
nouveaux
gentilés)
afin
de
faire
ressortir
leur
grandeur
d'âme,
camouflée
derrière
les
façades
revêches.
Le
peuple
apparemment
décadent
bat
au
rythme
d'un
pays
qui
se
cherche
un
destin.
Destin
qui
se
conjuguera
avec
fraternité
et
amour
pour
s'accomplir.
On
est
loin
de
la
naïveté
des
penseurs
de
salon,
incapables
de
s'arracher
du
divan
pour
vivre
leurs
rêves.
La
gent
virile
appréciera
ce
roman
jouissif
qui
leur
est
destinée.
Elle
verra
ses
pairs
au
volant
de
pick-up
parader
avec
l'orignal
qu'ils
ont
abattu
dans
la
benne
de
leur
truck.
Ç'a
du
panache,
surtout
quand
ils
s'arrêtent
devant
l'un
des
deux
bars
de
la
région
pour
que
l'on
admire
leur
trophée.
Malgré
la
pauvreté
qui
sévit
dans
les
villages,
l'âme
est
festive
et
l'entraide
contagieuse,
tel
ce
souper
spaghetti
organisé
à
la
veille
de
Noël
pour
soulager
la
misère
d'autrui.
Dans
ce
contexte,
Théo
nage
dans
le
bonheur.
Il
se
moule
comme
un
caméléon
à
la
population
pour
ne
pas
passer
pour
une
tapette
de
la
ville.
On
le
lui
rend
bien.
Il
se
retrouve
au
volant
d'un
pick-up
Toyota
que
lui
prête
un
cousin
qu'il
ne
connaissait
pas.
Le
sang
de
la
filiation
s'ajoute
à
sa
quête
de
sens.
Comme
dans
la
chanson
Mille
après
milles
du
regretté
Willie
Lamothe,
le
héros
peut
s'arrêter
parce
qu'il
"
a
trouvé
la
paix
dont
il
sentait
le
besoin
".
Cette
course
au
bonheur
de
Montréal
à
Carleton
en
Gaspésie
passe
par
Trois-Pistoles.
Parfois
à
la
manière
de
Fred
Pellerin,
Gabriel
Anctil
déterre
nos
racines
pour
dégager
les
légendes
qui
ont
nourri
l'âme
québécoise.
Il
le
fait
de
belle
façon
avec
un
enthousiasme
communicatif
et
une
maîtrise
scripturaire
surprenante
pour
une
première
œuvre.
Les
descriptions
sont
bien
fignolées
et
les
dialogues
savoureux.
Où
se
cache
le
bémol
?
Les
redondances.
Pendant
deux
cents
pages,
l'auteur
se
complaît
à
décrire
les
beuveries
d'un
peuple
en
attente
d'un
destin
qui
ne
parvient
pas
à
s'articuler.
Il
manque
juste
Charles
de
Gaule
pour
les
bouster
:
"
Pistolets,
Pistolètes,
vive
La
France,
vive
Trois-Pistoles.
"
|