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Arcan,
Nelly.
1.
Putain.
Éd.
du
Seuil,
2001,
187
p.
Les
Carences
parentales
Nelly
Arcan
a
semé
la
controverse
avec
son
roman
dont
le
titre
accrocheur
pouvait
à
lui
seul
braquer
sur
elle
l'attention
des
lecteurs.
Plusieurs
auraient
bien
aimé
que
l'étudiante
qui
se
prostitue
soit
l'auteur
de
cette
œuvre
qui
s'annonce
comme
révélatrice
du
milieu.
|
Il
s'agit
plutôt
d'un
roman
dans
lequel
on
présente
une
jeune
femme
qui
en
a
marre
de
la
vie.
Elle
s'en
prend
en
premier
lieu
aux
carences
parentales.
Elle
aurait
souhaité
un
père
moins
absent,
empressé
qu'il
était
d'exercer
son
métier
de
vendeur
itinérant.
Elle
aurait
souhaité
aussi
une
mère
moins
effacée,
qui
riposte
aux
inconvénients
de
la
vie.
En
somme,
elle
trace
le
portrait
d'une
famille
qui,
comme
toutes
les
autres,
compte
son
lot
de
frustrations.
Ces
éléments
furent
suffisants
pour
que
l'héroïne
développe
une
aversion
envers
tous
les
hommes.
Quand
elle
les
reçoit
comme
clients,
elle
évite
surtout
la
position
du
missionnaire
pour
ne
pas
les
voir
de
face.
Dans
le
fond,
elle
les
condamne
de
lui
rappeler
son
père,
à
qui
elle
tient
rigueur
de
ne
pas
avoir
été
son
premier
amoureux.
Ses
relations
avec
les
femmes
ne
sont
pas
davantage
meilleures,
car
elle
leur
reproche
d'accepter
l'amour
qu'elle
rejette.
Ce
roman
est
une
illustration
des
données
psychologiques
que
l'on
détient
sur
les
relations
qu'entretiennent
les
filles
avec
leurs
pères.
De
nos
jours,
les
parents
doivent
avoir
le
dos
large.
Étant
donnée
la
fragilité
des
êtres
que
l'on
met
au
monde,
on
peut
comprendre
leurs
reproches.
On
idéalise
tellement
les
adultes
que
certains
ne
se
remettent
pas
de
leurs
défaillances.
C'est
une
œuvre
fascinante
dans
la
mesure
de
notre
intérêt
pour
les
mystères
de
l'être
humain.
On
aurait
pu
la
qualifier
de
réussite
totale
si
l'auteure
n'avait
pas
laissé
exploser
sa
plume
comme
un
volcan.
Ce
sont
de
longues
phrases
enflammées,
qui
tiennent
lieu
de
purification
pour
le
mal
à
l'âme
de
la
jeune
héroïne.
À
comparer
avec
Borderline
de
Marie-Sissi
Labrèche
et
Le
Sexe
sale
de
Pauline
Gélinas.
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2.
Folle.
Éd.
du
Seuil,
2004,
205
p.
Dépendance
affective
L'auteur
fait
l'autopsie
de
l'échec
amoureux
d'une
Montréalaise
de
29
ans.
Attirée
par
l'accent
d'un
journaliste
français
dans
un
bar
du
Plateau,
la
narratrice
veut
vivre
le
paradis
de
l'amour
avec
cet
homme
errant
qu'elle
réussit
à
intéresser.
L'héroïne,
qui
se
définit
comme
une
"
moins
que
rien
",
espère
s'enrichir
grâce
à
la
culture
tellement
supérieure
de
son
nouvel
amant.
Complexe
d'anciens
colonisés
oblige.
|
Malheureusement,
l'ardeur
qu'elle
investit
pour
nourrir
son
couple
n'apportera
pas
de
dividendes.
Elle
se
butera
à
un
phallocrate,
qui
préfère
se
branler
en
regardant
des
sites
pornographiques.
Déçue
par
sa
vacuité,
elle
s'attache
à
lui
malgré
tout,
comme
Ces
femmes
qui
aiment
trop
de
Robin
Norwood.
Le
sens
unique
de
l'amour
fou
qu'elle
lui
porte
la
démolit.
La
rage
de
l'abandon
la
pousse
finalement
à
lui
écrire
une
lettre
(ce
nouveau
roman
de
l'auteur)
pour
retracer
ce
qui
aurait
pu
être
l'amour
du
siècle.
Le
découragement
de
cette
femme
abandonnée
est
rendu
avec
une
authenticité
courageuse.
La
mise
en
abîme
entraîne
évidemment
celle
de
son
amant.
Comme
Esther
Croft
dans
De
belles
paroles,
Nelly
Arcan
stigmatise
les
profiteurs
qui
causent
la
détresse
des
femmes.
Cette
dissection
du
cadavre
d'un
amour
maladif
ne
suit
pas
un
ordre
précis.
L'héroïne
se
promène
au
hasard
des
événements
qui
remontent
à
sa
mémoire.
Le
manque
de
linéarité
ne
coupe
aucunement
le
fil
conducteur
de
l'œuvre.
Et
même
si
d'entrée
de
jeu,
on
connaît
le
dénouement,
le
développement
est
assez
fort
pour
maintenir
l'intérêt,
surtout
grâce
aux
rebondissements
bien
amenés
et
à
la
franchise
de
l'auteur,
susceptible
cependant
de
gêner
les
âmes
sensibles.
Contrairement
à
son
premier
roman,
Nelly
Arcan
maîtrise
mieux
l'expression
de
ses
émotions.
Mais
on
est
loin
quand
même
de
l'écriture
clinique
de
Maxime-Olivier
Moutier
qui
a
abordé
un
sujet
semblable
dans
Marie-Hélène
au
mois
de
mars.
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3.
À
ciel
ouvert
.
Éd.
du
Seuil,
2007,
272
p.
De
la
burqa
au
botox
La
femme
musulmane
se
dissimule
sous
sa
burqa
comme
la
femme
occidentale
le
fait
avec
le
botox,
les
implants
mammaires
et
les
vaginoplasties.
Ces
recours
ont
pour
but
d'attacher
un
homme
à
sa
vie,
mais
atteignent-ils
l'objectif
visé?
En
guise
de
réponse,
Nelly
Arcan
laisse
filtrer
les
drames
qui
couvent
derrière
la
mascarade
des
corps
frelatés
que
l'on
soumet
à
la
contemplation
de
la
gent
masculine.
|
La
quête
de
soi
se
fusionne
à
la
quête
de
l'autre.
Pour
y
arriver,
on
ne
cherche
pas
à
être
bien
dans
sa
peau,
mais
de
s'en
donner
une
nouvelle
en
suivant
les
conseils
des
revues
vouées
à
la
beauté
des
corps,
plus
facile
à
illustrer
que
la
beauté
de
l'âme.
On
a
substitué
la
maxime
du
poète
Juvénal,
"
Mens
sana
in
corpore
sano
",
par
un
esprit
sacrifié
au
corps
torturé
par
les
plasties
esthétiques.
La
quête
de
l'autre
passe
ainsi
par
la
chair
magnifiée
afin
d'être
plus
concurrentielles
sur
le
marché
des
cœurs
à
vendre.
Dans
ce
contexte,
les
relations
entre
les
hommes
et
les
femmes
s'apparentent
aux
techniques
de
la
pornographie,
qui
mettent
la
génitalité
en
évidence.
Exhiber
son
corps
à
ciel
ouvert
serait-il
vivre
à
tombeau
ouvert?
Le
dénouement
apporte
la
réponse
à
cette
question.
C'est
le
canevas
qui
soutient
le
roman
de
Nelly
Arcan.
Elle
présente
deux
héroïnes
qui
convoitent
le
même
homme.
Pour
se
l'arracher,
chacune
est
prête
à
souffrir
dans
sa
chair.
En
fait,
ces
femmes
sont
des
dépendantes
affectives,
prêtes
à
abandonner
leur
identité
pour
s'attacher
l'âme
sœur
en
adoptant
des
méthodes
empruntées
au
sado-masochisme.
Pour
étoffer
cet
univers
malsain,
l'auteur
creuse
l'amont
de
ses
personnages,
qui
s'enracine
dans
une
éducation
qui
ne
laisse
pas
présager
de
bonheur
en
aval.
Victimes
d'une
filiation
carentielle,
les
héroïnes
perpétuent
leur
malheur
en
jouant
la
carte
trafiquée
de
la
séduction.
La
réflexion
de
Nelly
Arcan
sur
l'humanité
dénaturée
s'inscrirait
dans
le
discours
de
Réjean
Ducharme,
qui
déplore
les
mises
en
scène
de
soi
pour
épater
la
galerie.
Là
se
limite
la
comparaison.
Contrairement
à
son
aîné,
Nelly
Arcan
ne
propose
pas
une
hibernation
de
force
pour
sauvegarder
son
intégrité.
Son
roman
participe
à
la
recherche
de
ce
qui
pourrait
créer
le
bonheur
du
couple
à
travers
une
sexualité
qui
comblerait
les
attentes.
Il
faut
en
conclure
qu'il
faut
se
tenir
loin
des
artifices,
qui
donnent
l'illusion
d'en
cacher
le
secret.
L'auteure
traite
des
aspirations
du
deuxième
sexe,
comme
dirait
Simone
de
Beauvoir,
avec
un
regard
perspicace,
mais
la
lourdeur
de
l'écriture
malgré
les
belles
envolées
et
la
futilité
des
points
secondaires,
comme
la
guerre
au
Liban,
risquent
de
nous
faire
oublier
qu'il
s'agit
d'une
œuvre
achevée.
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4.
Paradis,
clef
en
main.
Éd.
Coups
de
tête,
2009,
216
p.
L’Instinct
suicidaire
La
dualité
entre
Isabelle
Fortier
et
Nelly
Arcan
a-t-elle
pris
fin
avec
la
mort
d’une
auteure
médiatisée
à
outrance
?
Réjean
Ducharme
a
choisi
la
retraite
fermée
pour
se
débarrasser
de
son
image
de
vedette
littéraire.
Dans
un
cas
comme
dans
l’autre,
leur
examen
de
la
vie
est
éclipsé
par
un
voyeurisme
agaçant,
qui
travestit
les
auteurs
en
reliques
à
vénérer
dans
une
châsse
comme
le
cœur
du
frère
André.
En
fait,
Nelly
Arcan,
pseudonyme
d’Isabelle
Fortier,
a
servi
de
miroir
afin
que
cette
dernière
se
voie
à
travers
les
images
peu
flatteuses
que
son
double
faisait
miroiter.
Images
qui
l’acculèrent
à
une
introspection
fatale.
|
Son
dernier
roman
dissèque
cette
duplicité
morbide
en
reproduisant
le
parcours
d’Antoinette
Beauchamp,
désireuse
de
porter
atteinte
à
ses
jours
en
recourant
à
Paradis,
clef
en
main,
une
entreprise,
qui
agit
comme
Big
Brother
en
proposant
des
activités
ludiques
pour
que
leurs
clients
réussissent
leur
suicide.
Pourquoi
vivre
quand
chaque
jour
est
un
pas
vers
le
tombeau
?
Les
fins
dernières
sont
au
cœur
d’un
propos
vrillé
aux
problèmes
relationnels
de
l’héroïne
avec
sa
mère,
une
«
merde
»
manipulatrice
obsédée
par
l’apparence.
Elle
nourrit
à
l’égard
de
sa
génitrice
des
sentiments
exprimés
à
travers
une
finitude
qu’évoque
le
vocabulaire
scatologique.
Merde
et
vomissure
résultent
d’un
processus
d’élimination,
caractéristique
des
fonctions
du
corps.
Un
corps
qui
n’est
plus
un
objet
de
désir
à
modifier
pour
mieux
séduire.
C’est
plutôt
un
boulet
pénible
à
traîner,
dont
il
faut
se
débarrasser
sans
chercher
à
lancer
de
messages.
En
somme,
Antoinette
est
entrée
dans
une
dynamique
de
mort
qu’a
alimentée
un
oncle,
qui
est
passé
à
l’acte
suicidaire
grâce
à
Paradis,
clef
en
main.
Elle
lui
emboîte
le
pas
quelques
années
plus
tard
pour
échapper
à
un
mal
de
vivre
apparenté
à
celui
de
Holden
Caulfield
dans
L’Attrape-cœurs
de
Jérôme-David
Salinger,
Heureusement,
le
dénouement
accorde
à
son
héroïne
d’être
atteinte
par
la
grâce
en
croisant
le
chemin
de
Damas.
Mal
révisée
par
l’éditeur,
cette
œuvre
psychanalytique,
organisée
avec
des
paragraphes
et
une
ponctuation
que
l’auteure
ne
maîtrisait
pas
pour
ses
romans
antérieurs,
livre
les
tripes
d’une
femme,
dont
le
salut
lui
a
épargné
le
fatum
tragique
de
sa
créatrice,
une
auteure
qui
disposait
d’un
magnifique
don
de
conteuse.
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