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Archambault,
Gilles
1.
Comme
une
panthère
noire.
Éd.
du
Boréal,
2001,
161
p.
De
la
tiédeur
humaine
Gilles
Archambault,
l'un
des
doyens
de
nos
écrivains,
est
le
Molière
de
notre
littérature.
Selon
ces
deux
auteurs,
l'humanité
se
réduit
à
nos
faiblesses.
Par
contre,
Archambault
ne
fait
pas
de
ses
héros
des
êtres
atrabilaires,
excédés
par
la
mollesse
comme
le
Misanthrope.
"
Courir
à
sa
perte
",
l'œuvre
précédente
de
cet
auteur,
serait
la
devise
de
la
plupart
d'entre
eux.
Paraît-il
qu'il
n'y
a
pas
moyen
d'échapper
à
ce
destin
peu
glorieux,
lequel
guette,
comme
une
panthère
affamée,
pour
que
le
bilan
de
la
vie
remplisse
la
colonne
des
débits.
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Les
personnages
de
la
douzaine
de
nouvelles
de
cette
œuvre
sont
tous
des
copies
conformes
de
la
perception
que
l'auteur
s'est
donné
au
cours
de
ses
70
ans
de
vie.
Il
est
né
en
1933,
l'époque
de
la
dépression
économique.
Il
n'en
fallait
pas
plus
pour
qu'il
poursuive
inlassablement
sa
quête
dépressionnaire
afin
de
prouver
que
l'homme
est
un
perdant.
Évidemment,
ils
cherchent
ses
exemples
chez
les
plus
vulnérables
alors
que
la
mort
brandit
déjà
son
spectre.
Faut-il
pleurer,
faut-il
en
rire?
Archambault
a
le
cœur
à
le
dire.
Ce
sont
des
millions
de
vies
dérisoires
marquées
par
l'incompréhension,
la
trahison,
la
tiédeur,
le
désintérêt,
le
manque
d'amour.
Bref,
c'est
à
désespérer
du
genre
humain.
L'auteur
lancerait-il
un
message
pour
que
l'humanité
se
ressaisisse?
Veut-il
se
faire
le
Messie
qui
chasse
les
veules
du
temple?
Cette
vision
a
le
désagrément
d'être
un
couteau
à
deux
tranchants.
Elle
stimule
les
résignés
et
exalte
les
intégristes.
Si
ce
genre
d'œuvre
compte
un
revers
de
médaille
douteux,
il
ne
faut
pas
douter
par
contre
de
la
qualité
de
l'écriture
de
cet
auteur,
le
plus
français
de
nos
écrivains.
Il
évite
même
les
québécismes
de
bon
aloi.
Cependant
un
petit
cours
sur
la
structure
de
la
nouvelle
lui
serait
profitable
pour
apprendre
à
concocter
un
dénouement
inattendu.
Ses
nouvelles
finissent
toujours
en
queue
de
poisson.
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2.
Courir
à
sa
perte.
Éd,
du
Boréal,
2000,
204
p.
Les
Vies
affadies
Les
œuvres
récentes
de
Gilles
Archambault,
né
en
1933,
sont
des
analyses
du
temps
qui
a
passé.
Le
rétroviseur
de
l'auteur
lui
renvoie
un
piètre
paysage
de
l'humanité.
À
l'âge
des
bilans,
il
tire
une
conclusion
peu
flatteuse
de
notre
passage
sur
terre.
L'homme
se
laisserait
entraîner
corps
et
âme
par
le
courant
de
la
vie.
À
l'automne
de
son
existence,
il
n'y
aurait
rien
qui
vaille
à
son
actif.
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C'est
le
cas
de
Jacques
dans
Courir
à
sa
perte.
Le
titre
est
des
plus
significatif
de
la
pensée
de
l'auteur.
Le
héros
est
un
célibataire
de
65
ans.
Serveur
dans
un
restaurant
depuis
30
ans,
il
exerce
son
métier
avec
conviction
après
avoir
tenté
en
vain
de
joindre
le
rang
des
artistes
de
la
scène
et
de
la
chanson.
Il
a
connu
jadis
une
liaison
avec
une
femme
mariée.
Ce
fut
l'amour
de
sa
vie.
Il
s'est
contenté
de
ce
bonheur
d'occasion
en
respectant
les
contraintes
d'une
liaison
interdite
qui
n'était
pas
sans
susciter
querelles,
renoncements
et
jalousie.
Après
sa
mort,
il
se
satisfait
de
son
quotidien
ennuyeux,
refusant
même
de
s'investir
auprès
de
ceux
qui
lui
portent
de
l'intérêt.
Quoique
son
entourage
souligne
ses
qualités
avec
insistance,
il
persiste
à
se
déprécier.
C'est
un
être
tout
en
paradoxes
qui
semble
vouloir
attirer
la
pitié.
Pourtant,
ce
n'est
pas
le
dernier
venu.
Ses
études
auraient
pu
le
rendre
fier
de
lui-même.
Il
tient
en
effet
un
discours
hexagonal.
Au
Québec,
nous
ne
connaissons
pas
de
fesse-mathieux
qui
se
magnent
pour
accroître
leur
oseille.
Nous
avons
plutôt
des
Séraphins
qui
se
grouillent
pour
s'en
coller
le
plus
possible.
Il
faut
dire
que
Gilles
Archambault
porte
à
la
France
une
admiration
qui
occulte
le
franglais
de
ses
cousins.
L'auteur
de
ce
roman
voulait-il
faire
de
Jacques
le
portrait
du
Québécois
pas
assez
ambitieux
et
tenace
comme
Le
Vieil
Homme
d'Ernest
Hemingway?
Voulait-il
nous
détourner
de
l'adage
qui
dit
que
nous
sommes
nés
pour
un
petit
pain?
Il
est
difficile
de
percer
les
intentions
profondes
d'un
écrivain.
Quoi
qu'il
en
soit,
on
peut
affirmer
qu'il
s'agit
aussi
d'une
réflexion
sur
notre
finalité.
Le
héros
rappelle
un
peu
Werther
de
Goethe
quand
il
dit
que
"
tout
dans
cette
vie
aboutit
à
des
niaiseries;
et
celui
qui,
pour
plaire
aux
autres,
sans
besoin
et
sans
goût,
se
tue
à
travailler
pour
de
l´argent,
pour
des
honneurs
ou
pour
tout
ce
qu´il
vous
plaira,
est
à
coup
sûr
un
imbécile.
"
Cette
vision
réductrice
de
la
vie
est
fort
dangereuse
si
l'on
se
fie
au
sort
qu'a
connu
le
jeune
héros
germanique.
Cependant
Jacques
ne
porte
pas
les
stigmates
de
la
souffrance
aiguë
de
Werther.
Ce
n'est
pas
un
héros
romantique,
ni
même
sympathique.
En
somme,
le
vieux
serveur
pratique
une
fausse
humilité
qui
le
tient
à
l'écart
d'une
société
qu'il
juge
sévèrement.
Gilles
Archambault
le
présente
en
toute
simplicité.
Aucunement
adepte
du
coup
d'éclat,
l'auteur
marche
à
pas
feutrés
pour
surprendre
son
personnage
en
flagrant
délit
de
contradictions.
Sa
manière
a
de
la
classe.
Mais
cette
délicatesse
aplanit
le
relief
qui
rendrait
l'œuvre
plus
intéressante.
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3.
Combien
de
temps
encore
?
Ed.
Boréal,
2017,
133
p.
L'Art
de
vivre
Qu'est-ce
que
vivre
?
L'auteur,
né
en
1933,
a
atteint
un
âge
assez
vénérable
pour
s'être
donné
une
petite
idée
sur
le
sujet.
Ses
protagonistes
lui
ressemblent.
Ils
ne
font
pas
partie
des
forcenés
furieux
qui
s'agitent
pour
se
sentir
vivants.
Ils
sont
plutôt
habités
par
une
force
tranquille
facilitant
une
navigation
en
toute
sécurité
dans
des
eaux
plus
ou
moins
tumultueuses.
Les
déchirements
empruntent
la
voie
de
la
lucidité.
On
porte
un
regard
assez
sage
sur
l'existence
pour
être
encore
émerveillé
en
ce
monde
acculé
à
un
mur
d'incompréhension.
|
Le
couple,
la
famille,
les
amitiés
composent
les
thèmes
du
recueil.
Les
héros,
tous
des
gens
âgés,
subissent
la
dissémination
de
ceux
qu'ils
ont
connus
ou
aimés.
Au
bout
du
voyage,
ils
se
sentent
esseulés.
La
complainte
de
Rutebeuf
résume
assez
bien
le
propos
de
l'auteur
qui
a
tracé,
pour
chaque
personnage,
le
même
profil
psychologique.
Chacun
se
contente
de
ce
qu'il
a.
On
fuit
l'esbroufe
en
se
rebattant
sur
la
dose
d'énergie
suffisante
qui
permet
d'apprécier
la
vie
sans
essouffler.
On
laisse
aux
autres
le
panache
difficile
à
porter.
On
se
creuse
un
nid
de
taille
raisonnable
pour
mieux
s'accrocher
à
son
intimité.
C'est
la
rose,
l'important,
chantait
Bécaud.
Mais
elle
n'est
pas
éternelle,
lui
a
répondu
Ronsard.
C'est
bien
ce
qui
désole
les
personnages
de
Gilles
Archambault.
Heureusement
les
enfants
perpétuent
ceux
qui
partent.
Et
quand
la
solitude
fait
trop
mal,
on
berce
l'urne
qui
contient,
en
l'occurrence,
les
cendres
de
sa
femme.
C'est
beau
ce
voyage
de
vie
quand
la
gloriole
tombe
au
profit
de
la
simplicité.
C'est
loin
du
quart
d'heure
de
gloire
qu'il
faut
absolument
vivre
pour
être
heureux.
La
leçon
de
l'auteur
se
situe
à
contre-courant
de
l'énergie
que
l'on
gaspille
pour
se
nourrir
de
calories
vides.
L'écriture
suit
la
même
veine.
Les
écrivains
en
herbe
auraient
avantage
à
suivre
la
manière
de
ceux
qui
ont
une
plume
visant
moins
à
éblouir
le
lectorat
qu'à
l'investir
de
sagesse.
C'est
sans
compter
que
ce
recueil,
qui
se
lit
comme
un
roman
à
cause
de
son
homogénéité,
est
un
exemple
sur
l'art
d'écrire
une
nouvelle
:
un
élément
déclencheur,
une
réaction
et
un
dénouement
inattendu.
Et
même
si
Gilles
Archambault
aborde
la
thématique
de
la
vieillesse,
il
ne
sombre
pas
dans
la
déprime.
Au
contraire,
il
donne
le
goût
de
vivre.
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