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Arseneault,
Michel
Méfiez-vous
des
poètes
.
Éd.
Fides,
2012,
215
p.
Pisser
sur
la
tombe
de
Chateaubriand
Jean-Paul
Sartre
pissa
sur
la
tombe
de
François-René
de
Chateaubriand,
un
Malouin,
dont
les
œuvres
étaient
abondamment
lues
à
l'époque
des
collèges
classiques.
La
profanation
de
son
lieu
de
sépulture
est
rapportée
par
Michel
Arseneault
dans
Méfiez-vous
des
poètes,
titre
emprunté
à
Leonard
Cohen.
Quand
on
sait
que
Sartre
a
soutenu
Staline,
on
se
demande
comment
il
se
justifiait
de
souiller
le
dernier
repos
d'un
écrivain
défenseur
de
l'esclavage
même
s'il
vantait
le
génie
du
christianisme,
la
religion
des
humbles
de
cœurs.
|
L'auteur
de
ce
roman
lève
le
voile
derrière
lequel
se
cachent
ceux
que
nous
vénérons.
Comme
personnage
en
appui
à
sa
démonstration,
il
a
choisi
Joseph
Quesnel,
un
Malouin,
contemporain
de
Chateaubriand.
Leur
vie
se
ressemble,
sauf
que
Quesnel,
après
être
venu
en
Amérique
comme
son
compatriote,
s'est
établi
au
Québec
en
1779,
plus
précisément
à
Boucherville,
où
il
tint
le
magasin
général.
Michel
Arseneault
a
concocté
tout
un
cocktail
explosif
avec
ce
marchand,
qui
est
le
sujet
de
la
thèse
de
Maude
Abel,
une
doctorante
de
l'université
d'Ottawa.
Elle
est
parrainée
par
son
amant,
Michel
Gallais,
un
professeur
homosexuel
d'origine
française,
qui
quitte
occasionnellement
son
giron.
La
thésarde
doit
établir
l'influence
de
Joseph
Quesnel
sur
la
culture
du
Québec.
Au
lieu
de
se
limiter
à
ses
œuvres
musicales
et
scripturales,
elle
se
rend
en
Europe
pour
déterrer
les
archives
qui
le
concernent.
Sa
démarche
l'amène
à
croire
que
son
personnage
était
un
vulgaire
négrier
à
l'instar
de
la
famille
de
Chateaubriand.
Même
à
Boucherville,
Quesnel
avait
acquis
une
esclave
pour
son
service.
Le
dynamisme
de
Maude
la
pousse
à
déborder
largement
le
cadre
assigné
par
son
maître
de
thèse,
qui
désapprouve
l'ampleur
qu'elle
veut
donner
à
son
travail.
Le
désaccord
est
des
plus
profond.
Comme
Maude
est
en
train
de
déterrer
un
passé
qui
ternirait
la
réputation
d'un
homme
que
Michel
Gallais
a
porté
aux
nues,
il
se
sent
obligé
de
nuire
à
sa
protégée
afin
qu'elle
ne
puisse
achever
sa
thèse.
Sur
ce
canevas,
l'auteur
a
chapeauté
une
histoire
qui
ressemble
à
du
journalisme
d'enquête
se
butant
à
la
mauvaise
foi
d'un
professeur
désireux
de
couvrir
un
passé
répréhensible
pour
qu'il
n'ait
pas
un
bel
avenir
pour
les
curieux
de
l'Histoire.
Même
si
l'œuvre
parcourt
les
coulisses
universitaires,
elle
n'est
aucunement
herméneutique.
Elle
soulève
l'intérêt
par
l'humanité
de
ses
personnages,
sans
compter
la
souplesse
de
l'écriture,
qui
entraîne
le
lecteur
dans
une
aventure
palpitante
au
cœur
de
la
culture
du
XV111e
siècle.
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