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Archibald,
Samuel.
Arvida.
Éd.
Le
Quartanier,
2011,
315
p.
Un
p'tit
gars
d'Arvida
Les
gens
d'Arvida
sont
gens
de
causerie,
qui
parlent
pour
parler,
dirait
Gilles
Vigneault.
Il
faut
les
écouter.
C'est
parfois
vérité,
c'est
parfois
mensonge,
mais
la
plupart
du
temps,
c'est
le
bonheur
qu'ils
tentent
de
saisir
à
travers
la
misère
emmaillée
au
plaisir
d'en
parler
à
l'aise
à
l'ombre
de
l'Alcoa,
une
fonderie
érigée
au
milieu
de
nulle
part.
La
ville
n'a
pas
emprunté
son
nom
aux
Amérindiens.
Ses
trois
syllabes
sont
tirées
des
premières
du
nom
du
fondateur
américain
Arthur
Vining
Davis.
Construite
en
135
jours
en
1925,
la
capitale
de
l'aluminium
a
réuni
les
employés
et
tous
les
ouvriers
spécialisés
venus
des
quatre
coins
de
notre
ronde
planète
pour
y
gagner
leur
vie
et
se
donner
un
pays
à
dire.
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Sourires
entendus
et
larmes
ravalées,
Samuel
Archibald
raconte
"
l'antan
"
de
sa
ville
natale
avant
qu'elle
ne
s'évanouisse
dans
la
nuit
de
ses
souvenirs,
à
l'instar
de
Fred
Pellerin,
qui
a
ajouté
son
village
de
Saint-Élie-de-Caxton
à
l'itinéraire
des
autocars
touristiques.
Les
deux
auteurs
sont
redevables
à
leur
grand-mère
maternelle
pour
la
restauration
du
fier
blason
de
leur
lieu
de
naissance.
De
la
bouche
de
la
sienne,
le
jeune
Samuel
apprend
que
son
père
était
et
est
toujours
un
fieffé
menteur.
C'est
un
conteur
qui
allie
"
menterie
"
et
vérité.
Victor
Hugo
aurait
écrit
qu'il
se
consacre
à
rapporter
les
faits
d'une
"
Histoire
écoutée
aux
portes
de
la
légende
".
Fier
rejeton
de
son
géniteur,
le
fils
a
suivi
ses
traces
après
avoir
découvert
son
don
pour
l'écriture
avec
la
vieille
Underwood
de
son
aïeule.
Comme
Proust
avec
sa
madeleine,
Archibald
a
exercé
sa
mémoire
sans
pudeur
et
sans
prétention
devant
un
mac-croquette,
peut-on
imaginer.
"
À
la
recherche
du
temps
perdu
"
il
a
essayé
de
raviver
sa
ville,
annexée
après
son
déclin
à
Ville-Saguenay.
Légende,
événement
glorieux,
crainte
des
animaux,
partie
de
pêche,
amour
déçu,
maison
hantée,
déficience
mentale,
abus
d'alcool
et
des
corps,
histoire
familiale,
la
vie
en
Amérique,
chaque
élément
est
soulevé
par
un
narrateur
trop
difficilement
repérable
parmi
les
personnages.
On
présente
l'œuvre
comme
un
recueil
de
nouvelles.
Pas
du
tout.
C'est
un
roman,
voire
une
autofiction.
Comme
on
est
l'homme
de
son
enfance,
Samuel
Archibald
tient
aux
repères
qui
ont
présidé
à
son
"
formatage
"
dans
le
milieu
clos
d'une
ville
conceptualisée
pour
la
fabrication
de
l'aluminium.
Sans
être
iconoclaste,
il
a
cependant
transgressé
le
concept
pour
vivre
au
rythme
du
monde
comme
professeur
et
romancier.
Son
œuvre
revêt
parfois
des
oripeaux
fantastiques
venus
d'ailleurs.
Elle
s'éloigne
ainsi
quelque
peu
du
sujet,
traité
dans
une
langue
affaiblie
par
les
réformes
scolaires.
Les
jeunes
auteurs
ne
manipulent
pas
aisément
les
mots
de
liaison
comme
les
conjonctions
ou
les
pronoms
relatifs.
Il
reste
que
c'est
exemplaire
comme
autofiction.
L'auteur
a
fui
le
nombrilisme
pour
laisser
place
aux
gens,
aux
événements
et
aux
légendes
qui
ont
concouru
à
sa
genèse.
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