Avec
son
roman,
Suzanne
Aubry
emprunte
les
pas
de
cet
exemple
répandu
en
littérature
française.
Et
les
lecteurs
feront
aussi
le
rapprochement
avec
Claude
Robinson,
un
illustrateur,
dont
l'œuvre
a
été
illégalement
reproduite
sous
le
titre
de
Robinson
Sucroë
su
Québec.
Anaïs,
l'héroïne,
est
une
scénariste
de
37
ans,
dont
l'insuccès
désespère
ses
parents.
Mais
un
jour,
on
lui
propose
un
travail
intéressant
:
écrire
des
textes
de
films
pour
la
télévision
que
produit
Patricia
M.
Enfin
les
jours
de
disette
prendront
le
chemin
des
souvenirs,
croit-elle.
Il
y
a
un
hic.
Pour
obtenir
l'emploi,
il
lui
faut
renoncer
à
son
nom
comme
auteure.
Et
même
plus,
il
lui
est
interdit
de
divulguer
les
termes
du
contrat.
Acculée
au
mur
à
cause
de
ses
déboires,
elle
ne
peut
qu'apposer
ses
paraphes
au
bas
des
pages.
Et
la
voilà
officiellement
déclarée
écrivaine
selon
cette
entente
qui
la
range
légalement
dans
l'anonymat.
Ce
gagne-pain
porte
un
dur
coup
à
son
ego.
Ses
haruspices
ont
comploté
pour
qu'elle
devienne
le
personnage
de
l'ombre.
Le
soleil
ne
lui
pas
pour
tout
le
monde,
contrairement
à
ce
qu'affirme
l'adage.
Vivre
dans
un
tel
contexte
oblige
Anaïs
d'utiliser
des
subterfuges
pour
faire
croire
à
son
entourage
que
son
existence
est
plus
brillante
qu'elle
ne
l'est.
Il
lui
faut
ériger
le
mensonge
et
les
demi-vérités
au
niveau
de
l'art
d'un
discours
crédible.
Mission
presque
impossible
qu'elle
complexifie
en
accueillant
chez
elle
un
jeune
irresponsable
dont
elle
devient
enceinte.
On
croirait
qu'elle
fait
exprès
pour
alimenter
le
stress
qui
nourrit
son
existence.
La
cour
est
déjà
pleine
d'incidents
qui
la
coincent
de
toutes
parts.
En
plus,
il
lui
faut
accepter
de
personnifier
sa
patronne
en
empruntant
son
identité
pour
assister
à
Cannes
à
un
festival
de
films
pendant
lequel
on
présentera
une
œuvre
de
Patricia
M.
Mentir
est
devenu
son
mode
de
vivre.
On
accuse
les
gens
de
se
prendre
pour
quelqu'un
d'autres.
Anaïs,
elle,
est
payée
pour
tenir
ce
rôle.
Dans
un
tel
contexte,
parviendra-t-elle
un
jour
à
imposer
sa
personnalité
?
Elle
croit
qu'elle
naîtra
à
ses
yeux
si
elle
recourt
à
sa
plume
pour
écrire
un
roman.
Encore
faut-il
un
éditeur
pour
le
publier.
Elle
n'est
pas
au
bout
de
ses
peines.
Ce
canevas
sert
à
Suzanne
Aubry
pour
poser
le
problème
de
l'identité.
Comment
s'assumer
quand
la
société
commande
que
l'on
s'adonne
à
des
jeux
de
rôle
?
On
se
crée
un
moi
qui
est
un
autre,
comme
l'a
écrit
Rimbaud.
L'esclavagisme
a
été
aboli,
mais
on
en
propose
d'autres
formes
depuis
longtemps.
L'auteure
a
brossé
le
tableau
d'une
femme
qui
a
succombé
à
cette
tentation.
Et
les
tentatives
de
s'en
réchapper
sont
exigeantes.
Le
récit
est
très
intéressant
puisqu'il
puise
sa
source
dans
la
littérature.
Il
s'en
nourrit
pour
illustrer
les
dangers
qui
guettent
nos
sociétés
en
quête
du
bien-paraître.
Et
comme
Suzanne
Aubry
a
le
don
de
créer
le
suspense,
son
roman
se
lit
comme
un
charme
d'autant
plus
que
l'écriture
soutient
bien
la
narration.
C'est
une
œuvre
qui
rejoint
un
vaste
public.
Comme
telle,
elle
sait
rester
signifiante.
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